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Psychiatrie, la mise en place délicate de la réforme du troisième cycle

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Audrey Fontaine, présidente de l’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (AFFEP) fait le point sur certaines difficultés d’application de la R3C : terrains de stage universitaires en nombre insuffisant, trop peu de stages en pédopsychiatrie et flou autour des places en formation spécialisée transversale (FST). Joël Buisson, interne passionné à Dijon, raconte son envie de découvrir tous les champs possibles de la psychiatrie : addictologie, autisme, précarité, maison d’arrêt, etc.

-Quelles sont les difficultés de mise en place de la réforme de l’internat sur le terrain ?
-  L’accès aux stages pose problème dans certaines régions. Avec la nouvelle maquette, on passe de 1 à 3 stages obligatoires en CHU. Dans certains endroits, c’est clairement compliqué. Les ARS et les coordonnateurs ont tenté de rassurer les représentants des internes, en indiquant qu’il y aurait des stages pour tout le monde. Des augmentations progressives sont prévues. A Nantes par exemple, il a fallu que le Pr Benoît Schlemmer (doyen honoraire de la faculté de médecine de Paris-Diderot, qui pilote la réforme du troisième cycle) se déplace et fasse la proposition suivante : donner une affectation « U » à certains stages qui ne sont pas dirigés par un universitaire. Cela semblait convenir aux internes mais pas à la communauté universitaire, qui réclame une franche augmentation des effectifs, de façon à pouvoir encadrer les internes. A Grenoble, des postes partagés ont été mis en place : les internes font une partie de la semaine en service universitaire et une autre en non-universitaire et cela valide le stage. Ce n’est pas l’idéal, mais cela représente une façon de s’adapter au mieux avec les moyens existants.

-Y a-t-il d’autres difficultés ?
-  Les stages en pédopsychiatrie sont difficiles à obtenir dans certaines régions, parce qu’il n’y a pas d’effectifs suffisants partout pour recevoir des internes. Il y a même des services qui tournent avec 50% des effectifs de senior qu’ils devraient avoir ! S’il manque déjà des praticiens hospitaliers dans le service, l’accueil des internes est compromis. Tout le monde a entendu parler de l’hôpital Pinel à Amiens, mais il y a d’autres hôpitaux qui connaissent des difficultés importantes.

-Où en est la mise en place des FST et des options ?
-  Les internes nous posent beaucoup de questions sur ces deux points : qu’est-ce que je choisis ? comment dois-je faire ? comment je me répartirai quand je serai en phase 3 après l’option/FST ? Les deux options possibles sont pédopsychiatrie et psychiatrie de la personnes âgée. Malheureusement, il n’y a pas d’option de psychiatrie médico-légale, qui serait pourtant essentielle dans notre système de soins. Les internes ont déjà indiqué leur préférence dans leur contrat de formation, qu’ils signent dès la fin de la première année (au lieu de la troisième). C’est difficile de se projeter aussi tôt. Les terrains de stage ne sont pas encore bien définis car les campagnes d’agrément sont en cours. Les FST ouvertes à la psychiatrie sont : addictologie, douleur, expertise médicale, préjudice corporel, nutrition, pharmacologie, soins palliatifs et somnologie. Les FST étant ouvertes à plusieurs spécialités, la question qui se pose est celle de la régulation des flux : : quand il y a plus d’internes qui choisissent une FST que sa capacité d’accueil, comment cela va-t-il se passer ? Les choix devront être faits en 2020-2021, pendant la troisième année, pour ceux qui ont commencé leur internat en 2017.

-Que pense l’AFFEP du stage obligatoire en psychiatrie dans la maquette de médecine générale ?
-  On est pour ! Car la psychiatrie représente une bonne partie des motifs de consultation au quotidien en médecine générale. Ainsi, la liaison entre la psychiatrie et la médecine générale se fera d’autant mieux. Il est tout aussi pertinent pour un futur médecin généraliste de passer en psychiatrie qu’en gynécologie ou en pédiatrie. Pour les internes en MG, les stages dans les services de secteur seront sûrement plus adaptés que ceux de troisième recours, afin de bien appréhender l’organisation des soins en psychiatrie.

- « En France, l’isolement et la contention dans les services de psychiatrie générale sont en hausse sans pour autant être toujours justifiées », soulignait la HAS dans une recommandation de juin 2018. Votre avis sur ce point ?
-  Les chiffres de contention/isolement semblent varier entre les services/établissements. Un manque d’effectif dans un service peut rendre plus difficile l’accompagnement d’un patient agité et précipiter l’utilisation de la contention. Dans le Nord-Pas-de-Calais, un service lillois (le G21) a réorganisé complètement sa structure pour suivre les recommandations OMS, et éviter au maximum le recours à la contention et à l’isolement.
Concernant les internes, c’est surtout pendant les gardes que la question est la plus délicate. Nous intervenons dans des services dont nous n’avons pas forcément l’habitude. Il faut en quelques minutes comprendre la situation, s’adapter aux habitudes des équipes, aux protocoles en cours, et considérer l’ensemble du groupe de patients hospitalisés à ce moment. Nous devons assurer la qualité des soins et la sécurité des personnes hospitalisées, ainsi que la sécurité du personnel hospitalier.

-Etes-vous inquiets à l’AFFEP concernant le nombre de postes qui restent vacants au moment des ECN ?
-  On a un peu l’habitude, à vrai dire… Le nombre de postes non pourvus aux ECN 2018 en psychiatrie était de 16. On est toujours parmi les spécialités choisies en dernier. Il faut que les internes passent davantage en stage en psychiatrie, sinon, ils restent sur l’image de la psychiatrie véhiculée par la société et certains médecins, qui ne donne pas vraiment envie de venir…Non, on ne gère pas que des patients dangereux et fous ! Non, on n’est pas des glandeurs avec des horaires plus souples que les autres médecins !

-Racontez-nous vos semestres préférés lors de votre internat ?
-  Je suis en septième semestre, en pédopsychiatrie à Roubaix. J’ai fait deux stages de psychiatrie générale dans des services de secteur. Ensuite j’étais au CHU à Lille en secteur fermé, puis j’ai eu un stage de pédopsychiatrie et un autre de psycho-oncologie. Et enfin le stage au centre collaborateur de l’OMS. C’était un stage non-clinique (sans consultations à part les gardes), mais j’ai aimé m’investir sur des projets de recherche internationaux. Voir comment la psychiatrie fonctionne dans d’autres pays, voir comment les autres pays considèrent la psychiatrie française. Prendre le temps de réfléchir à nos pratiques. Ce qui est très riche en psychiatrie, c’est la variété clinique : on ne passe pas deux journées similaires. On ne s’ennuie pas !

-Quel exercice souhaiteriez-vous ?
-  Dans un service hospitalier sûrement. J’aime bien la psychiatrie de la personne âgée et la liaison. Se déplacer dans des services non-psychiatriques pour donner un avis est passionnant et peut permettre de travailler sur l’image de la spécialité. Cela évite de se retrouver à ne côtoyer que des professionnels de la santé mentale et de perdre de contact avec les autres spécialités. Le risque est d’autant plus grand que la psychiatrie n’est pas rattachée à l’hôpital général, donc on ne croise pas beaucoup les autres médecins.

Le témoignage
Joël Buisson, en deuxième année d’internat à Dijon : « J’aimerais faire tous les stages ! »


« J’ai choisi cette spécialité parce qu’elle permet d’écouter chaque personne, chaque souffrance et de lui proposer un suivi adapté. Et aussi parce que la spécialité est très vaste : on peut faire de l’addictologie, suivre des patients autistes, intervenir en maison d’arrêt ou dans le champ de la précarité…Pendant mon externat, j’ai fait un stage de psychiatrie qui m’a beaucoup plu. J’ai abordé les ECN avec la psychiatrie en tête, ce qui m’a permis d’être relativement serein, comme les classements descendent plus bas que pour d’autres spécialités. Actuellement, je suis en stage de pédopsychiatrie au CHU de Dijon. Avant ça, j’ai fait un stage de pédopsy en CMP, puis les urgences psychiatriques au CHU de Dijon et actuellement, je fais de la liaison aux urgences pédiatriques et dans le service de pédiatrie. J’aimerais faire tous les stages ! A Dijon, la mise en place de la réforme se fait progressivement. Pour l’examen de fin de phase socle, on a réfléchi avec nos chefs à la meilleure méthode d’évaluation et on a décidé de la mise en place d’un oral. Les oraux ont été menés de façon bienveillante, c’est très positif pour mettre en place une médecine plus humaine, de contact. »

Pour en savoir plus :
-  Maquette de psychiatrie :

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  • Sophie Cousin
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