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Sept. 07

Un petit mot à Michel Régereau, président de l’Uncam

Publié le 13/09/07 18:37 - Modifié le 29/12/08 22:16
Tags associés : Liberté d'installation
Cher Michel (Tu permets que je t’appelle Michel ?)

Tu as fait, il y a peu, une brillante déclaration, qui laissait entendre qu’il serait nécessaire de mettre fin à la liberté d’installation des médecins. Quelle belle idée ! Je dis bravo à cette initiative. Il fallait surtout oser.
Mais Michel, je souhaite surtout te faire une proposition. Je ne sais pas quel âge tu as, je ne connais rien de toi (et à vrai dire tu ne m’intéresses pas beaucoup plus que ça), mais je te propose un deal : trouve moi le coin le plus sous médicalisé de France et nous irons nous y installer ensemble. Oui, tu as bien lu : ensemble. Je te propose d’emmener avec toi ta petite (ou grande ?) famille. Nous achèterons deux belles bâtisses proches l’une de l’autre. Tu y installeras ta famille et moi la mienne ainsi que mon cabinet. Note cher Michel, qu’avec ma femme, la commune bénéficiera en plus d’une gynécologue obstétricienne. Je ne sais pas toi ce que tu peux proposer de ce côté là. Par contre je suis désolé, si l’école communale de ce coin était menacée de fermeture, je ne pourrai pas immédiatement lui fournir d’élève en plus. Ma femme et moi-même n’avons pas d’enfant. Peut-être pourrais-tu toi fournir des effectifs ? Mais il est de toute façon fort probable que la petite école de notre futur lieu de résidence n’existe déjà plus. Nos gamins auront donc à prendre le bus chaque matin vers sept heures pour aller à l’école puis au collège. Peut-être même qu’ils devront rentrer en internat pour la suite de leur scolarité. Toute façon ça sera mieux pour eux … et aussi pour nous. Je ne sais pas toi Michel, mais moi faire 50 bornes aller et 50 bornes retour pour les emmener au cinéma le plus proche, ca ne m’enchante pas forcément. Oh bien sûr, on pourra leur payer un deux-roues pour faire le trajet entre la maison et le lycée ou le ciné … avec tous les risques que cela comporte en hiver quand les jours tombent vite et que le verglas est là. Je sais Michel, tu vas me dire qu’à cette âge-là, tout est possible pour eux, que l’aventure forme la jeunesse. Alors pense un peu à toi Michel : devoir faire 30 bornes pour aller à la Poste la plus proche ou pour trouver une boulangerie, c’est pas le pied tous les jours. Chez nous on aime bien les croissants le dimanche matin, alors si notre deal devait aboutir, je te propose un roulement : 1er et 3ème dimanche je vais à la boulange pour nos 2 familles, 2ème et 4ème c’est toi. Entre voisins faut s’entraider. Sinon Michel, pour ton avenir professionnel à l'Uncam[1] ou ailleurs, je te rappelle que si tu misais sur le télétravail, ne t’enflamme pas trop : l’adsl a mis 10 ans pour arriver dans les campagnes et je ne suis pas certain que dans notre futur lieu de vie cela soit déjà fait, alors ne compte pas sur la fibre optique pour demain parce que là … Et pour ton portable, c’est pareil, j’espère que tu n’as pas pris un engagement trop long avec un opérateur, car devoir monter au dernier étage pour téléphoner sans coupure réseau quand on a choisi le mauvais, c’est rageant.

Enfin voilà Michel, je pense que tu as bien compris le deal que je te propose. Je suis persuadé que tu connais déjà la campagne via une ou deux résidences secondaires que tu fréquentes de temps à autre. Moi la campagne, j’y ai vécu les 20 premières années de ma vie. J’y retournerai volontiers un jour, comme médecin, comme retraité, comme vacancier ou je ne sais quoi d’autre … mais en aucun cas par obligation d'un système auquel il serait question de devoir se plier.

A moins bien sûr Michel que toi, et tous tes amis qui ont le même genre d’idées, montrent d’abord l’exemple.

Ps : Si Mme Bachelot veut venir avec nous pour ré ouvrir la pharmacie du village, elle est la bienvenue !
  • [1] Union Nationale des Caisses d'Assurance-Maladie
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