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Paul, 6e des ECNi 2022 : « une action écologique en médecine me semble urgente »

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Paul a eu le luxe de faire une pause pendant ces années de médecine, pour faire une année de licence de philosophie. Ce qui ne l’a pas empêché de terminer 6e des ECNi 2022. C’est à la neurologie qu’il se destine. Paul explique à remede.org sa vision des études de médecine, l’absence de vision écologique et prodigue des conseils aux étudiants.

Comment s’est passée ta scolarité ?
J’ai eu une scolarité relativement classique pour un étudiant en médecine. J’ai obtenu un bac scientifique avec une mention très bien, puis j’ai fait médecine parce que je ne me suis jamais vraiment vu faire autre chose. J’ai toujours eu un attrait pour tout ce qui avait un rapport au fonctionnement du corps humain et en particulier aux neurosciences. Je suis arrivé bien classé en Paces à paris 13 (Bobigny). Entre la D1 et la D2, après être allé faire un mois et demi de recherche dans un labo qui étudie les maladies du muscle, j’ai coupé avec la médecine pour faire une année de fac de philosophie en L3. Ça a été une super expérience, l’occasion d’apprendre à se poser des questions, à réfléchir à des problèmes plus variés et ouverts qu’en médecine. J’y replongerai surement dans un futur proche. J’encourage d’ailleurs tous les étudiants en médecine à faire de même si l’envie leur prend.

Pendant ton cursus tu étais plutôt bachotage ou stage ?
Un peu des deux probablement, disons que j’ai commencé l’externat avec des stages « prenants » pour être confronté à la clinique et à la réalité des patients et de l’exercice, tout simplement pour apprendre à examiner et se poser les bonnes questions. Petit à petit j’ai choisi des stages plus « légers » où les médecins étaient moins regardants et vraiment là pour nous apprendre des choses. L’objectif étant de rentabiliser au maximum le temps passé en stage et pouvoir me concentrer sur les collèges et les questions que je pouvais me poser, approfondir la physiopathologie de telle ou telle maladie par exemple.
Une des constantes de mon externat a été de toujours chercher à comprendre, chaque signe clinique, chaque maladie, chaque prise en charge, etc.. Quitte à faire du hors programme si ça me permettait de garder l’envie d’apprendre, et à faire de l’économie de mémoire.

Quel a été ton stage préféré ?
Difficile à dire, j’ai adoré la réanimation pour le côté techno-scientifique de la discipline médicale poussé au maximum, la transversalité au quotidien et toute la réflexion autour de ces patients mono ou multidéfaillants même si la dimension éthique qui va de pair avec la gravité de ces patients m’a nettement refroidi. J’ai aussi trouvé la pédiatrie vraiment intéressante parce que très clinique, et très touchante tant la relation avec l’enfant peut être intense parce que beaucoup moins formelle et plus directe qu’avec l’adulte.

Comment as-tu vécu les ECNi ?
Globalement bien, je ne pense pas être très anxieux de nature, même si bien sûr, ce sont trois jours très intenses où tout l’enjeu est de réussir à garder sa concentration maximale, du début à la fin. Surtout si je peux prodiguer un conseil aux futures « victimes », les erreurs d’inattention, les questions difficiles et inattendues font partie du jeu donc, ne pas se laisser déstabiliser par celles-ci.

Que penses-tu de la réforme à venir et de la suppression des ECNi telles que nous les connaissons ?
C’est difficile à dire, je me pose vraiment la question de savoir comment classer au mieux quasiment 10 000 candidats, sur des connaissances objectives, sur des compétences cliniques et humaines. Je n’en ai vraiment aucune idée, et j’avoue m’être assez peu intéressé aux nouvelles modalités d’évaluation. J’imagine quand même qu’ajouter autre chose aux centaines de QCM auxquels nous répondons ne sera pas vraiment un mal. Mais si je peux me permettre quelques critiques sur nos études, c’est surtout l’absence d’enseignement d’une réflexion sur la pratique de la médecine par les médecins qui m’a frappé, complètement vampirisé par l’aspect scientifique du métier, comme si nous étions de simples prestataires de service. L’autre aspect qui me semble criticable, c’est l’économie complète de la moindre réflexion sur le problème, très actuel, écologique et environnemental dans la santé, notamment sur les solutions de décarbonation du secteur pour assurer un avenir pérenne. Amorcer une réhumanisation et une réflexion, puis une action, écologique dans la médecine me semble encore plus urgent que reformer les ECNi à vrai dire.

Comment s’est passée l’annonce des résultats ?
Très bien quoi qu’un peu spéciale, puisque je recevais des félicitations sans connaître mon classement, les résultats étant sortis en avance ! J’avoue avoir eu beaucoup de mal à réaliser. Il m’a fallu quelques jours. Mes proches étaient vraiment très heureux pour moi, et soulagés que tout ce travail et ces sacrifices aient payé.

Quelle spé veux-tu faire ?
Je vais choisir la neurologie pour pas mal de raison, d’abord c’est une spécialité très « clinique », ou la relation avec le patient et la famille prend du sens (maladies au long cours, handicapantes…), mais aussi pour les perspectives en neurosciences qui sont très excitantes tant du point de vue de la compréhension du système nerveux « sain » que « pathologique », et de tous les liens possibles avec autant de disciplines passionnantes que la psychologie, la linguistique, la philosophie.

As-tu hésité avec d’autres spécialités ?
J’ai longtemps hésité avec la réanimation et la psychiatrie au cours de l’externat puis avec la psychiatrie essentiellement sur la fin. Finalement, j’ai trouvé que la psychiatrie était peut-être trop difficile à gérer mentalement pour moi, même si je ne me ferme pas la porte à un stage en psychiatrie pendant l’internat. Et la réanimation trop difficile à exercer sur le plan éthique et pas assez « neurologique » à mon gout.

Une idée de la ville où tu souhaites devenir interne ?
Je vais rester à Paris pour des raisons personnelles, même si j’aurais beaucoup aimé découvrir une autre ville. Peut-être à l’occasion d’un futur inter-CHU.

Un conseil pour les futures sixièmes années ?
J’en ai 2 et qui s’adressent surtout à ceux qui commencent l’externat : trouvez votre manière d’aimer la médecine, de cultiver le gout d’apprendre et du travail. Pour moi ça a été de comprendre tout ce qui était possible. Par conséquent, écoutez-vous, vous êtes seul à savoir ce qui vous convient. L’autre c’est de garder en tête, ce qui est parfois difficile avec l’omniprésence de ce concours, que le monde ne se résume pas aux ECN. Ça permet de relativiser, de garder une certaine ouverture d’esprit et un contact avec la réalité.

Comment abordes-tu la rentrée ?
J’avoue y penser encore assez vaguement, mais c’est un mélange d’excitation de la nouveauté d’apprendre (enfin) vraiment notre métier avec une place mieux définie à l’hôpital, et de peur de ne pas être à la hauteur. J’imagine qu’on ressent tous plus ou moins la même chose et qu’on finit par y arriver.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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