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Marine : SEP et médecin, c’est compatible !

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Marine est un modèle de résilience. On lui diagnostique une sclérose en plaques au début de ses études de médecine. Ce qui ne l’empêche pas de se projeter, de poursuivre le piano à un haut niveau, ses études de médecine et aujourd’hui son internat en anatomopathologie. Un modèle à suivre.

Peux-tu nous expliquer ton parcours ?

J’ai passé un bac S à Saint-Pierre-et-Miquelon en 2012 et je suis arrivée en France métropolitaine dans la foulée afin d’y poursuivre mes études à la faculté de médecine de Nancy.

Pourquoi avoir choisi de faire médecine ?

Je n’ai pas le souvenir que la question s’est vraiment posée, je crois que ça m’est toujours apparu un peu comme une évidence. Le fonctionnement du corps humain me fascinait, et mon père étant dentiste, j’avais déjà un pied dans le monde médical. Ça m’a paru naturel de m’inscrire en médecine après le bac, je n’ai réfléchi à rien d’autre à part peut-être une carrière musicale.

Comment as-tu vécu tes études de médecine ?

De manière générale, je les ai détestées. En deuxième année, j’ai voulu arrêter et faire une passerelle vers les études de kiné. Je n’aimais pas l’ambiance de l’hôpital, la manière dont sont considérés les externes… Par chance, je n’ai jamais été une grande stressée, ce qui m’a peut-être permis de vivre ces années de manière plus détachée. De plus, j’avais la chance d’avoir mon activité pianistique à côté qui me permettait de m’évader.

À quel moment s’est fait ton diagnostic de SEP ?

Le diagnostic officiel s’est fait l’été avant le début de l’externat, en 4e année, mais les premiers symptômes sont arrivés au milieu de la P2. Un matin, je me suis réveillée sans sentir mes jambes et j’avais des fourmillements permanents dans les deux mains. Quelques semaines plus tard, j’ai commencé à ressentir des décharges électriques quand je baissais la tête. Avec le recul, je réalise que ce sont vraiment des symptômes ultra classiques de la SEP, mais en 2e année je n’y connaissais rien et je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Ensuite, j’ai enchaîné les bilans sanguins, IRM et ponctions lombaires pendant 1 an et demi avant que l’on puisse m’annoncer officiellement en juin 2016 que c’était bien ça. J’avoue que ça a été un choc.

Tu as choisi l’anatomopathologie. Pourquoi ? as-tu hésité avec d’autres spécialités ?

À la base, je voulais être neurologue. Forcément, l’annonce de la SEP a un peu remis cela en cause… Je me suis posé beaucoup de questions, je ne savais pas si c’était une bonne idée d’exercer la spécialité pour laquelle on est soi-même malade, et j’ai préféré finalement ne pas le faire.
Ensuite, je me suis rendu compte que cette maladie s’accompagnait d’une fatigue monumentale et j’ai compris que je ne serais pas en mesure d’effectuer des gardes sur le long terme. L’anapath est donc très vite apparue comme la spécialité parfaite : on est assis les ¾ du temps, ce qui me rassurait si jamais je dois être en fauteuil un jour. Ensuite, il n’y a ni gardes ni urgences, donc on reste à l’abri de la fatigue et du stress. Et pour finir, ça me permettait de continuer à pratiquer le piano à haut niveau, car on reste relativement libre de notre emploi du temps, ce qui a achevé de me convaincre. Mais avant cela, j’avais beaucoup pensé à l’hématologie ou à la médecine interne.

Est-ce que comprendre la maladie en tant que professionnelle de santé est un atout ?

Je pense que c’est à la fois un atout et un inconvénient. Le gros avantage, c’est que ça permet de mieux comprendre la maladie et, par conséquent, peut-être de mieux l’accepter également.
En revanche, il y a des points négatifs. D’une part, j’ai l’impression que les médecins ont peut-être moins de filtres lorsqu’ils parlent à un collègue, et certaines annonces ont pu être brutales. D’autre part, il a parfois été extrêmement difficile pour moi d’être face à des patients atteints de SEP pendant mes stages. Je me souviens en particulier d’une journée lors d’un stage en médecine générale, où j’avais vu deux patientes atteintes de SEP en l’espace d’une heure. La première allait formidablement bien, elle n’avait pas fait de poussées depuis plus de 30 ans. La seconde était tétraplégique… C’est difficile, car on ne sait pas où se situer, et ça fait facilement peur.

Comment arrives-tu à gérer tes études et une maladie chronique ?

Je ne vais pas mentir, ça n’est pas toujours facile. Le pire, ça a été la 6e année avec le concours de l’ECN. J’avais beau ne pas être d’un naturel stressé, je m’étais mis une certaine pression, car je voulais m’assurer de pouvoir avoir un poste d’anapath à Paris. Malheureusement, la fatigue et le stress ont déclenché des poussées à répétitions, j’en ai fait presque tous les 2 mois, et j’ai dû changer de traitement à la fin de cette année pour quelque chose de plus fort. C’est d’ailleurs ce qui m’a définitivement poussée à renoncer aux autres spécialités auxquelles je pensais, car je savais que si je restais dans une ambiance de fatigue et de stress, cela risquerait de devenir vite très compliqué.
C’est devenu plus simple depuis le début de l’internat, car il n’y a plus cette course pour gérer à la fois les stages à l’hôpital et les révisions. Il y a de nombreuses semaines où, quand je rentre chez moi, je vais me coucher presque immédiatement, car je suis épuisée, mais au moins il n’y a plus rien d’autre à gérer lorsque l’on sort de l’hôpital.

Est-ce que la SEP est un frein à des études longues ?

Non, j’en suis la preuve, et je fais partie des gens qui pensent que tout est possible si l’on en a vraiment envie. Je n’ai jamais voulu que ma maladie définisse ma vie, je n’ai pas songé un seul instant à arrêter mes études lorsque je l’ai appris. Il a simplement fallu adapter mon projet. En revanche c’est évident que c’est plus difficile, d’autant plus dans des études comme la médecine qui sont un concours permanent, parce que même quand on a besoin de se reposer, on culpabilise, car on sait que les autres continuent à travailler et que l’on perd des places. Il ne suffit pas de savoir ses cours, il faut être le meilleur, et ça empêche parfois de gérer sa maladie comme on le souhaite.

Quel conseil donnerais-tu pour apprendre à gérer son corps et ses études ?

Je pense qu’il est très important de reconnaître quels sont les facteurs qui déclenchent des poussées ou des symptômes, peu importe la maladie, et de les éviter au maximum. Ne pas hésiter non plus à en parler à ses chefs, dans 95 % des cas lorsque je l’ai fait, ils ont été extrêmement compréhensifs. Parfois c’est même eux qui me poussaient à rentrer chez moi quand je commençais à faire une poussée, là où moi je voulais rester à l’hôpital et faire comme si de rien n’était.

Es-tu satisfaite de ton choix pour l’anapath ? Pourquoi ?

Je n’ai pas regretté une seule seconde depuis que je l’ai choisie ! C’est une spécialité extrêmement stimulante intellectuellement, et c’était vraiment important pour moi, car même si je souhaitais être tranquille physiquement, je ne voulais pas non plus m’ennuyer dans ma pratique. En plus, c’est une spécialité qui offre le choix de rester généraliste et de toucher à tous les organes, ou de se surspécialiser dans un domaine. Le champ d’exercices est extrêmement large. Bien sûr, on n’a pas volé notre réputation et il est évident que c’est une spécialité qui offre une très bonne qualité de vie. Certes il faut accepter de ne plus avoir de relation en face à face avec les patients, et je comprends que ça puisse en rebuter certains, mais personnellement je m’épanouis totalement dans cette spécialité.

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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