logo remede logo remede
La 1ère Communauté Médicale
médecine - pharmacie - odontologie - maïeutique
M'identifier
Mot de passe oublié ?
Je me connecte

Vous n'êtes pas inscrit à l'annuaire des membres ? Inscrivez-vous

Maltraitance en médecine, la dure vie de certains externes

partage mail facebook twitter linkedin
Les premiers pas à l’hôpital sont compliqués, surtout quand ce monde nous est encore inconnu. L’envie de bien faire, la peur de décevoir et cette pression constante nous font accepter des choses inacceptables jusqu’à détruire les plus fragiles.

Le bloc opératoire

Le bloc opératoire rassemble tous les éléments propices à la maltraitance. Le contact direct avec le supérieur hiérarchique, la promiscuité et la difficulté, voire l’impossibilité de quitter une situation problématique. Même si de nombreux étudiants sont très heureux de leur expérience au bloc opératoire, c’est une véritable épreuve pour d’autres. Cédric est externe en chirurgie digestive, il explique se faire bien trop souvent réprimander : « Je ne suis qu’en 4e année et il s’agit de mes premiers jours au bloc opératoire. Pourtant le moindre reproche nous sera fait avec violence. Il m’est arrivé de me faire crier dessus pour avoir à peine relâché un écarteur. »

Même son de cloche du côté de Lucie : « On sait tous que le sexisme existe à l’hôpital et encore plus au bloc, mais quand le chirurgien nous dit qu’il va nous mettre une fessée, c’est quelque chose que l’on ne peut pas accepter. On a peur de répondre ou de faire un scandale, parce qu’on se dit que ça mettrait peut-être la vie du patient en danger. Le problème c’est que souvent, dans ces situations, personne ne nous défend », ajoute Lucie. Ces situations existent aussi dans les services de médecine et ne sont pas propres au bloc.

Les étudiants en médecine, c’est :

66 % de symptômes anxieux, soit 2,5 fois plus que la population générale.
27 % de symptômes dépressifs, soit 2,7 fois plus que la population générale.
24 % d’idées suicidaires, soit 5,9 fois plus que la population générale.

En service aussi

Les staffs ou les visites sont aussi des moments propices à une humiliation gratuite. Pour Léo, externe en 6e année en maladie infectieuse, la visite du matin est une véritable épreuve : « La souffrance en groupe est plus facile à supporter, mais quand le médecin prend l’un d’entre nous pour cible, c’est difficile à gérer, l’une d’entre nous est déjà partie en pleurs. » Beaucoup diront que cela est dû à l’exigence de la formation, mais ce n’est pas pour autant acceptable.

Les méthodes pédagogiques sont parfois d’une violence inouïe. Pour Jérémy, externe en 4e année, l’humiliation se fait parfois jusque dans la chambre des patients : « Les questions fusent, sans qu’on puisse répondre à une seule d’entre elles. Une fois j’ai dû endurer ça plus de 30 min dans la chambre d’un patient, à m’entendre dire que je n’aurai jamais dû faire médecine. » Ces longs moments de solitude seront parfois de bons souvenirs de camaraderie, mais ils peuvent aussi détruire. Dans le meilleur des cas, les étudiants sont « dégoutés » de la spécialité par le seul fait d’un médecin sans pitié. Ainsi certains abandonnent des études pour lesquelles ils avaient déjà beaucoup sacrifié.

Des abandons nombreux

Il est souvent incompréhensible pour de nombreux étudiants d’arrêter médecine après avoir tant souffert pour passer le concours de la Paces. Pourtant chaque année, des dizaines d’étudiants quittent le cursus pour des raisons diverses et variées. Certains ne supportent plus la charge de travail, d’autres ne supportent pas la maladie, par un excès d’empathie. Enfin il y a ceux pour qui les études de médecine sont synonymes d’évènements traumatisants, dans un service, avec un médecin, une parole, une phrase ou un reproche de trop. La pression est cependant forte. Elle nous empêche d’arrêter un cursus pour lequel nous avons tant donné. De plus, la pression des amis, de la famille, est trop forte. Chez les plus fragiles, cela peut pousser au pire.

La maltraitance en médecine reste un sujet tabou dans un monde où il serait interdit de souffrir. Même si pour beaucoup, les études restent une belle expérience avec de belles rencontres, il ne faut pas laisser de côté nos collègues pour qui cela reste une épreuve difficile. De l’externat à l’internat et bien au-delà, toute plainte est perçue comme un signe de faiblesse. L’ANEMF mène aujourd’hui de nombreuses actions pour le bien être des étudiantes et étudiants en santé. Car il est temps que les choses changent.

partage mail facebook twitter linkedin
  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
Tags :
  • Top - ne pas manquer
  • 2ecycle_medecine
  • professionnels_medecine
livreslivrescontactspublicationstwitter