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Dr Ségolène Neuville : « Je suis très préoccupée par la situation à l’hôpital public »

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Militante de l’accès aux soins et des droits des femmes depuis toujours, Ségolène Neuville adhère au Parti Socialiste en 2002. Après avoir remporté plusieurs batailles politiques locales, elle sera nommée secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion en 2014, dans le gouvernement Valls. Elle nous livre sa vision des priorités en matière d’accès aux soins et de prise en charge des personnes handicapées.

-Pourquoi vous orientez-vous vers la médecine ? Comment se déroulent vos études ?

-Je suis une scientifique et j’ai toujours eu une passion pour l’humain en général. Par ailleurs, je ne voulais pas travailler enfermée dans un bureau ! Il m’a donc semblé que la médecine était un bon choix. Je suis entrée dans un milieu tout nouveau, puisqu’il n’y avait aucun médecin dans mon entourage. La première année s’est bien passée pour moi, car j’avais fait une Math’ sup bio avant. Mais ce ne sont pas les enseignements théoriques qui ont le plus compté. La véritable révélation s’est produite lorsque je me suis retrouvée stagiaire à l’hôpital, alors que j’appréhendais un peu. A Necker, j’ai fait presque tous les services, surtout les urgences et la chirurgie pédiatrique. J’ai tout de suite compris que j’étais faite pour la médecine et pour l’hôpital public.

-Pourquoi le choix du public ?

-Je me suis tout de suite sentie chez moi à l’hôpital public (rires). Avant même d’être médecin, le plus fondamental pour moi était l’idée de pouvoir soigner tout le monde, quelque soit le pays ou le milieu d’origine. A Necker, dans l’un des hôpitaux les plus renommés au monde, on soignait des enfants du VIIème arrondissement de Paris, mais aussi des enfants qui venaient d’Afrique pour des interventions compliquées, comme par exemple des traitements chirurgicaux de la scoliose. Tous les patients étaient reçus et soignés par des professeurs très expérimentés, avec les meilleures techniques.

-Comment vous spécialisez-vous en maladies infectieuses et tropicales ? Exercez-vous toujours à l’Hôpital St Jean de Perpignan ?

-A la fin des années 1990, j’ai fait un stage dans un service de Médecine interne et Maladies infectieuses. Il y avait beaucoup de patients VIH. J’ai compris que c’était la spécialité qui me convenait le mieux car on s’occupait du corps entier et non pas d’un organe en particulier. De plus, il y avait une importante part sociale et psychologique dans la prise en charge de ces malades.

J’ai donc fait un internat de Médecine interne, puis un DESC de Maladies infectieuses. Quand j’ai été élue députée en 2012, je me suis mise en disponibilité de mon poste. En revanche, j’ai continué à assurer bénévolement une consultation par semaine, tant que j’étais députée ; puis deux fois par mois lorsque je suis entrée au gouvernement.

-Comment arrivez-vous en politique et comment conciliez-vous les deux carrières ?

-J’étais militante depuis toujours, notamment des droits des femmes et de l’accès aux soins pour tous. Militante de gauche de façon certaine, mais pas inscrite au Parti socialiste au départ. En 2002, lorsque je me suis installée dans les Pyrénées Orientales, j’ai décidé d’adhérer au Parti socialiste. Mais je n’avais pas du tout l’intention d’être élue un jour ! Tout ce que je voulais, c’était lutter contre l’extrême droite. J’ai gagné en 2008 dans un canton qui était à droite depuis 25 ans. Je n’avais pas prévu cette victoire…d’autant que je suis dans un département qui vote historiquement à droite et où les candidatures de gauche ne se bousculent pas. J’ai voulu continuer à exercer mon métier, tout en étant élue locale. En 2012, aux législatives, face à Jean Castex, alors secrétaire général de l’Elysée, les journalistes me donnaient perdante. Hollande a gagné, j’ai fait une campagne acharnée et je l’ai emporté. J’ai du laisser mon travail et cela m’a coûté de ne plus suivre mes patients. L’activité prédominante dans ma vie, c’est médecin à l’hôpital, ce n’est pas femme politique, ne serait-ce que par le temps passé.

-En 2014, vous êtes nommée secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion. Quelles ont été les avancées du gouvernement Valls en matière de droits pour les personnes handicapées ?

-Pendant longtemps, les politiques menées dans ce domaine ont consisté à ouvrir des places. Sous le gouvernement Valls, si nous devions le résumer en très peu de mots, le principal acquis a été de sortir d’une logique compassionnelle et de mettre en place une politique réellement inclusive pour les personnes handicapées. Il ne s’agissait plus seulement de construire des rampes à l’extérieur des établissements, mais d’ouvrir l’école, l’Université, et le monde du travail. La mesure la plus emblématique est la création par la Loi Travail de l’emploi accompagné : un accompagnement dans son emploi dans la durée, comme cela se fait déjà au Canada et dans certains pays européens. Jusqu’à présent, les prestations du FIPH ou de l’AGEFIPH étaient limitées dans le temps et concernaient surtout des équipements. Mais quand vous souffrez de schizophrénie ou d’autisme, ce dont vous avez besoin, c’est d’un accompagnement pérenne au sein de votre entreprise.

-Sur la question de l’accès aux soins, l’un des dossiers sur lesquels vous avez beaucoup travaillé, quelles sont les priorités selon vous ?

-Je suis très préoccupée par la situation à l’hôpital public, tout particulièrement depuis la mise en place de la tarification à l’activité. Il y a sûrement eu des bons côtés mais aussi des effets délétères, que les personnes qui travaillent à l’hôpital connaissent bien : le fait que certains actes soient valorisés au détriment d’autres, que le temps de réflexion médicale ne soit pas valorisé, pas plus que la prise en charge des patients les plus chroniques. Quelques mesures favorables ont été prises par Marisol Touraine, mais c’est insuffisant pour remettre en cause la tarification à l’activité dans certaines spécialités et pathologies. Cela a été discuté dans l’insuffisance rénale et la dialyse, mais les mesures ont été prises à la marge seulement. D’une année sur l’autre, l’hôpital doit forcément augmenter son activité, alors que les patients âgés n’ont pas forcément besoin de subir des examens et des actes à longueur de journée.

-Et dans le secteur libéral ?

-La question centrale est celle de la répartition des médecins sur l’ensemble du territoire. Les différents gouvernements ont décidé de ne prendre que des mesures incitatives, pour le moment. A mon avis, nous n’avons pas assez de recul pour évaluer l’impact réel de l’ensemble de ces mesures. La vraie question à se poser est : ne devrait-on pas faire comme pour les pharmaciens et empêcher les médecins de s’installer dans les zones déjà sur-dotées ? Mais le risque serait alors le déconventionnement d’un certain nombre d’entre eux et un virage inquiétant vers une médecine à deux vitesses.

-Suite à votre défaite aux législatives dans les Pyrénées orientales, quels sont vos projets ? Quelle recomposition souhaiteriez-vous pour le Parti Socialiste ?

-Je précise que suis Première fédérale du PS dans les Pyrénées Orientales ; en revanche, je n’ai pas de responsabilités nationales, en dehors d’être membre du conseil national. Je crois que le PS a beaucoup pêché par ses cadres qui, pour beaucoup, sont restés trop centrés sur leurs ambitions personnelles. Pour moi, il ne faut pas convoquer un énième congrès comme les autres. Il faut tout reconstruire de fond en comble, en posant aux militants la question : qu’est-ce qu’être socialiste aujourd’hui ? quel mode d’organisation souhaitez-vous ? Je veux que nous construisions un grand parti social-démocrate. Nous représentons la gauche de gouvernement, contrairement à la gauche radicale.

-Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui s’orientent vers les professions de santé et notamment vers la médecine ?

-Qu’ils s’apprêtent à faire le plus beau métier du monde. Pour cela, il faut être prêt à faire don de soi, à ne compter ni son énergie, ni ses heures. L’exercice de la médecine me passionne et m’a tout apporté. Mais la condition pour ça, c’est d’accepter de tout donner, de s’engager vraiment dans ce métier. Sinon, cela revient à exercer un métier comme un autre, un métier de bureau.

Bio express

  • 1993 : concours de l’internat, puis DES de Médecine interne et DESC de Maladies infectieuses. DEA Maladies transmissibles à Marseille (1999)
  • 2000-2003 : Cheffe de clinique-Assistante service Maladies Infectieuses Hôpital Saint-Louis
  • 2003-2005 : praticien contractuel à l’AP-HP en charge des infections nosocomiales dans les 39 hôpitaux.
  • depuis 2005 : praticien hospitalier dans le service Maladies infectieuses et tropicales de l Hôpital de Perpignan.
  • 2008 : élue conseillère générale d’un canton de Perpignan
  • 2012 : députée de la troisième circonscription des Pyrénées orientales
  • 2014 : secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion
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  • Sophie Cousin
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